On entend beaucoup parler de la crise financière ces jours-ci, mais n’oublions pas qu’une autre crise mondiale est en cours, et qu’elle concerne beaucoup plus d’hommes et de femmes

Publié le par Le Pfss

Après une longue période d'absence (la lutte contre les suppressions de poste ne se fera pas toute seule !) je reprends mon blog, et pour longtemps. Aucun prétexte ne pourra m'en éloigner ! ^^ Je vais tenter de faire un à deux articles par jours pendant les vacances scolaire puis à la rentrée deux par semaine.

On entend beaucoup parler de la crise financière ces jours-ci, mais n’oublions pas qu’une autre crise mondiale est en cours, et qu’elle concerne beaucoup plus d’hommes et de femmes. Je veux parler de la crise alimentaire.. Au cours des dernières années, les prix du blé, du maïs, du riz et d’autres denrées alimentaires de base ont doublé, voire triplé, et la majeure partie de ces augmentations ont eu lieu uniquement durant ces derniers mois. Si les prix élevés des denrées alimentaires gênent les occidentaux, même ceux relativement aisés, ils ont un effet fatal sur les pays pauvres, où la nourriture prenait plus de 50% du budget. Au début du mois d'avril, des émeutes ont eu lieu en Egypte notamment, où le prix des denrées alimentaires de base a doublé ces six derniers mois.Les prix ont augmenté de 40% en moyenne au niveau mondial depuis l’été dernier.Le personnel des Nations Unies en Jordanie s’est également mis en grève un jour cette semaine pour exiger une augmentation des salaires en raison d’une hausse des prix de 50%, tandis que les pays asiatiques comme le Cambodge, la Chine, le Vietnam, l’Inde et le Pakistan ont freiné leurs exportations de riz afin d’être en mesure d’assurer l’approvisionnement intérieur.D'autres pays producteurs, comme l’Ukraine ou l’Argentine, limitent aussi leurs exportations pour tenter de protéger leurs consommateurs nationaux, ce qui conduit à des protestations de la part des agriculteurs en colère - et aggrave encore la situation des pays qui ont besoin d’importer des produits alimentaires.

Les autorités des Philippines ont averti que ceux qui stockaient du riz pourraient faire face à une accusation de sabotage économique devant les tribunaux. Un moratoire sur la conversion de terres agricoles pour la construction de logements ou de terrains de golf est à l’étude, tandis que les établissements de restauration rapide sont enjoints de ne servir qu’une demi-portion de riz.

Le programme alimentaire mondial des nations unies risque de ne pouvoir faire face à la hausse des prix qui compromet sa capacité à fournir de la nourriture à 73 millions de personnes dans le monde.
Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, a déclaré que « bien plus de gens vont souffrir et mourir de la faim » à moins que les Etats-Unis, l’Europe, le Japon ainsi que d’autres pays riches ne fournissent des fonds.Au Royaume-Uni, le professeur John Beddington, nouveau conseiller scientifique en chef du gouvernement, a avertit lors de son premier discours le mois dernier que les effets de la crise alimentaire se feraient ressentir plus vite que les changements climatiques(alors que   ces vingt dernieres années, le nombre de catastrophe naturelle a doublé à cause du réchauffement climatique...)
Il estime que le secteur agricole devrait doubler la production alimentaire, tout en n’utilisant que moins d’eau qu’aujourd’hui.
Quelles sont les causes? Le journaliste Paul Krugman  du New york times nous explique  qu'on ne peut attribuer à personne les circonsctances. Il y a tout d'abord le nombre croissant de personne dans les pays émergeants qui sont suffisamment riches pour se nourrir comme les occidentaux, consommer de la viande. Mais il faut 700 calories de nourriture végétale pour produire 100 calories de viande bovine et ce changement de régime alimentaire entraîne une augmentation de la demande globale de céréales.

Deuxièmement, il y a le prix du pétrole. L’agriculture moderne est très intensive en énergie : elle en consomme une grande quantité pour la production d’engrais, l’usage des machines agricoles, sans oublier le transport des produits de la ferme au consommateur. Avec la persistance du pétrole au-dessus de 100 dollars par baril, les coûts de l’énergie sont devenus un facteur important poussant à la hausse les prix agricoles.

Le prix élevé du pétrole, soit dit en passant, a également beaucoup à voir avec la croissance de la Chine ainsi que des autres économies émergentes. Directement et indirectement, la croissance de ces puissances économiques entre en concurrence avec le reste du monde pour s’approprier les ressources rares dont font partie le pétrole et les terres agricoles, ce qui entraîne une hausse des prix des matières premières de toutes sortes.

Troisièmement, il y a eu une série de conditions climatiques défavorables dans les principales régions de production céréalière. En particulier, l’Australie, qui est normalement le deuxième plus grand exportateur de blé, a été atteinte par une sécheresse dramatique.

Mais le journaliste se corrige vite "J’ai écrit que ces différents facteurs à l’origine de la crise alimentaire ne sont imputables à quiconque, mais ce n’est pas tout à fait vrai. " Avant d'expliquer que L’essor de la Chine et des économies émergentes est la principale force motrice des prix du pétrole, mais l’invasion de l’Irak - qui allait selon ses partisans amener un pétrole bon marché - a aussi réduit l’approvisionnement en pétrole à un niveau inférieur à ce qu’il aurait été sans cela.

Et les mauvaises conditions météorologiques, en particulier la sécheresse en Australie, sont probablement liées aux changements climatiques. Donc les hommes politiques et les gouvernements qui ont contrecarré l’action contre les gaz à effet de serre portent aussi une certaine responsabilité dans ces pénuries alimentaires.


Mais le gros problème demeure surtout les "biocarburants" .
Les subventions accordées à la conversion des cultures vers les biocarburants étaient censées promouvoir l’indépendance énergétique et contribuer à limiter le réchauffement de la planète. Mais cette promesse était, comme le magazine Time l’a carrément écrit, une « escroquerie ». On sait aujourd'hui notamment qu'il faut 23.000 litres d'eau pour obtenir quatre litres de carburant. Cette escroquerie est particulièrement vrai dans le cas de l’éthanol produit à partir du maïs : même en se basant sur des estimations optimistes, la production d’un litre d’éthanol à partir de maïs nécessite d’utiliser majeure partie de l’énergie que contient ce litre. Mais il se trouve que même des politiques apparemment « bonnes » en faveur des biocarburants, comme celle du Brésil prônant l’utilisation de l’éthanol produit à partir de la canne à sucre, ont pour résultat d’accroître le rythme du changement climatique, en accélérant celui de la déforestation.

De plus, toutes les terres cultivés dans le but d'obtenir des biocarburants sont des terres qui ne seront utilisés dans le but d'obtenir une culture vivrière. Il faut donc que les gens meurent de faim en Afrique afin que les candidats à la présidentielles américains gagnent des voix dans les Etats agricoles. Et au cas où vous vous posiez la question, sachez que tous candidats restant en course pour la présidentielle ne valent guère mieux sur cette question.

De plus, les principaux acteurs du marché des céréales ont fait preuve d’un coupable laisser aller.

Les gouvernements et les vendeurs de céréales du secteur privé maintenaient habituellement des stocks importants, pour le cas où une mauvaise récolte aurait provoqué une pénurie soudaine. Au fil des ans, toutefois, on a autorisé ces stocks de précaution à diminuer, principalement parce que tout le monde en était venu à imaginer que les pays souffrant de mauvaises récoltes pourraient toujours importer la nourriture dont ils avaient besoin.

Cet état de fait a rendu l’équilibre des ressources alimentaires mondiales très vulnérable à une crise affectant de nombreux pays à la fois - de la même façon que la commercialisation de titres financiers complexes, censée répartir les risques, a rendu les marchés financiers mondiaux très vulnérable aux chocs systémiques.

Que faut-il faire ? Le besoin le plus immédiat c’est d’aider davantage les familles en détresse : les Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a lancé un appel désespéré pour obtenir des fonds.

Nous avons également besoin de prendre des mesures de limitation contre les biocarburants, qui s’avèrent avoir été une terrible erreur.

Mais il difficile d’apprécier l’impact que pourraient avoir de telles mesures. Les produits alimentaires bon marché, comme le pétrole bon marché, appartiennent peut-être au passé nous dit assez pessimistement, M. Krugman.

Il y a déjà eu des émeutes de la faim dans le monde:
==>  Emeutes en Haïti la semaine dernière, qui ont provoqué la mort de quatre personnes

==>  Manifestation violentes en Côte d’Ivoire

==>  Emeutes au Cameroun en février qui ont fait 40 morts

==> Manifestations violentes en Mauritanie, au Mozambique au Sénégal, en Ouzbékistan, au Yémen, en Bolivie et en Indonésie


Article fait grâce à deux articles du journal the Guardian et du New york Times, ainsi que du site Contrinfo .


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