Petit article...

Publié le par Le Pfss

J'ai trouvé ceci sur ce site :  http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/08/on-constate-une.html ; c'était somme toute interessant, j'en fais donc un copier / coller. Extrait:

On a fait semblant de croire qu’on pourrait installer un Etat en Afghanistan d’un coup de baguette magique, alors que l’on a des factions armées pratiquement sur tout le territoire» juge Pierre-Arnaud Chouvy, géographe (CNRS), spécialiste de géopolitique des drogues dans la région.

Chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S., laboratoire Prodig) Pierre-Arnaud Chouvy a créé  un site consacré à la géopolitique des drogues en Asie (Geopium.org). Il est l’auteur de «Les territoires de l’opium. Conflits et trafics du Triangle d’Or et du Croissant d’Or»,  éditions Olizane (Genève) en 2002, et deux articles peuvent être consultés en ligne: «Production illicite d’opium et sécurité globale en Afghanistan», en 2008, «Trafic de drogue: les routes des opiacés afghans», en  2007.

Les pays occidentaux sont-ils confrontés à une narco-guerilla en Afghanistan ?
Pierre-Arnaud Chouvy. «Il faut se méfier des discours sur le narcoterrorisme, comme de ceux sur le narco-Etat : ce sont des discours sensationnalistes qui portent sur des objets qui n’existent pas à proprement parler. Les Taliban sont certes bénéficiaires de l’économie de la drogue mais un peu comme tout le monde en Afghanistan. Ils en profitent peut être un peu plus mais c’est très difficile à vérifier. On estime qu’un tiers de l’économie est alimentée par les circuits de l’opium. Vingt ans de guerre ont détruit l’économie licite du pays et la reconstruction, tant de l’économie que de l’Etat, sera longue et difficile, d’autant que depuis 2001 l’accent est davantage mis sur le militaire que l’économique. On peut reprocher au président Hamid Karzaï sa tolérance vis à vis du commerce de drogue, mais il faut reconnaître qu’il ne peut pas se mettre une large partie du pays et de sa population à dos. Quel que soit le niveau de développement d’un pays, on ne peut pas imaginer de supprimer un tiers de son économie. Les productions agricoles illicites sont longues et très complexes à faire évoluer.»

Quelles sont les données chiffrées dont on dispose?
«Les chiffres des Nations unies sont les plus fiables. Ils placent la production d’opium à un niveau très élevé, soit 8200 tonnes aujourd’hui. Le record sous les talibans s’était établi à 4600 tonnes, en 99. A l’époque, on n’hésitait pas à accuser les Taliban d’orchestrer la production. C’était assez peu crédible. Alors que doit-on dire aujourd’hui d’Hamid Karzaï? Rapportée à la surface agricole, la production de 4.600 tonnes d’héroïne représentait, en culture du pavot, environ 3% des terres cultivées du pays. Aujourd’hui, on doit approcher les 4 à 5%. Ces cultures se sont plus particulièrement développées pendant les années 90 pour permettre aux moudjahidines afghans le financement de leurs conflits armés intestins.  Après le retrait des Soviétiques, en 1989, et surtout la fin des financements occidentaux, en 1991. Nous avons vu une forme de symbiose entre économie de la guerre et économie de la drogue. La pseudo guerre civile, au sein de laquelle chacun soutenait ses factions, a fait le reste. »

Quelle est votre analyse de la situation géostratégique?
«
Sur le plan militaire, il n’y a jamais eu de cessez-le-feu ou d’accord de paix avec les Taliban. On nous a annoncé que les Taliban avaient été défaits, mais ils ne se sont pas rendus. Ils ont fui Kandahar, et le mollah Omar s’est évaporé. Mais il n’y a jamais eu de règlement politique de la question. En dehors de toute considération idéologique, on peut se demander en quoi cette opération était bénéfique. Il y avait bien longtemps qu’une faction afghane n’avait pas contrôlé 85% du territoire. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement élu qui dispose d’une légitimité internationale, mais dont le pouvoir est très limité. On a isolé l’Afghanistan du contexte régional. On n’a pas résolu le problème de la dimension pachtoune: le Pakistan reste un sanctuaire et cela ne va pas s’arranger avec la démission du président pakistanais, Pervez Musharraf. On a fait semblant de croire qu’on pourrait installer un Etat, d’un coup de baguette magique, alors que l’on a des factions armées pratiquement sur tout le territoire. On est désormais dans une forme d’impasse dès lors que le développement économique dont le pays et sa population ont cruellement besoin ne peut être mis en œuvre, pour des raisons de sécurité. La question est donc de savoir comment répondre aux attentes économiques de la population dans le contexte sécuritaire et militaire actuel, sans l’aliéner aux forces occidentales et faire le jeu des Taliban et autres mouvements d’opposition armée… »

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